En 2019, la France organisera la Coupe du Monde de football féminin. A l’heure actuelle sur les 20 clubs de Ligue 1, 5 clubs n’ont pas de sections féminines intégrées : Stade Rennais, AS Monaco FC, Angers SCO, SM Caen, SC Bastia. Il y a 2 solutions pour intégrer une équipe : partir de zéro en créant une école de foot et une équipe de district : le club devra alors monter 4 divisions pour jouer à haut niveau. L’autre possibilité est de récupérer un club local déjà existant et évoluant à haut niveau, une stratégie qui s’est avérée payante pour le FC Girondins de Bordeaux qui a récupéré Blanquefort en D2 féminine et a rejoint la D1 l’année suivante. Le football féminin peut s’avérer stratégique pour les clubs de L1 pour diversifier leurs revenus et développer leur image de marque.
Voici 6 types d’actions déjà mises en place ou qui pourraient l’être dans les clubs de Ligue 1 pour développer le football féminin en fonction de 3 problématiques : découverte, formation et performance…
Axe découverte
Pour développer le football féminin il faut le faire connaître donc communiquer à ce sujet. Les clubs de Ligue 1 peuvent mettre en place des actions spécifiques pour faire découvrir leurs équipes féminines.
– Stratégies d’abonnements groupés foot féminin/ foot masculin
Sur les 12 équipes composant la D1 féminine, 8 appartiennent à des clubs de Ligue 1 : OL,PSG, MHSC, EA Guingamp, AS Saint Etienne. L’équipe féminine de l’OL réunit en moyenne au minimum 5000 spectateurs à domicile pour chaque match du championnat. Les clubs de Ligue 1 pourraient par exemple proposer des abonnements groupés Ligue 1 / D1 ou des billets promotionnels regroupant un match de L1 et un de D1. Face à la difficulté à remplir les stades, le foot féminin est capable de fidéliser ses propres supporters. D’autre part, des supporters du club de Ligue 1 ne connaissent pas le football féminin et pourraient s’y intéresser en allant voir un match et pourraient être ensuite attirés par la D1 et prendre un abonnement à la saison. Cette action permettrait au plus grand nombre de découvrir le football féminin de haut niveau, de réaliser qu’il est crédible et mérite d’être connu et développe un véritable style de jeu.
- Dans un prochain article nous évoquerons le types d’actions de communication qui peuvent être mises en place et celles qui ont déjà été mises en place pour médiatiser le football féminin. Abonnez-vous à la newsletter pour être mis au courant de la publication de cet article.
– LFP et communication sur la D1 féminine
La Ligue de Football Professionnel (LFP) ne communique pas sur le football féminin. Sachant que la LFP traite du football professionnel et que la plupart des joueuses de D1 n’ont pas le statut de footballeuses professionnelles cela s’explique. Néanmoins si un jour l’ensemble des joueuses de football de la D1 féminine venaient à accéder au statut de footballeuses professionnelles, il serait intéressant que la LFP communique sur son site sur le championnat de D1 féminine. Si la LFP élaborait les mêmes statistiques pour la D1, cela pourrait augmenter l’intérêt de ce championnat et donner des outils aux médias pour en faire l’écho. Peut être que cela arrivera si le statut des joueuses de football évolue à l’avenir avec des contrats professionnels.
– Communiquer sur les équipes féminines
L’OL a établi une véritable stratégie de communication pour mettre en valeur sa section féminine, et le PSG, l’OM et les Girondins de Bordeaux communiquent de plus en plus sur les féminines. L’identification des jeunes au football féminin passe aussi par l’identification aux joueuses de D1 féminine. Les autres clubs professionnels devraient communiquer davantage sur le football féminin pour profiter de l’opportunité qu’offre ce football de diversifier sa communication.
L’avantage d’être intégré à un club de Ligue 1 en terme de communication est de bénéficier de l’image de marque comme le précise le coach de l’équipe de D1 féminine de l’OM , Christophe Parra, en interview pour lesfeminines.fr:
Il y a l’avantage de travailler dans un grand club avec des services, notamment en termes de communication, qui nous aident beaucoup.
Il est important que les clubs de Ligue 1 communiquent sur les matchs, résultats, arrivées de footballeuses au club…
Courte défaite en #D1F, large victoire en DH et succès à l'extérieur en #U19F, découvrez les résultats du week-end ! pic.twitter.com/qpvZoPYfWN
— FCGB Féminines (@FCGBWomen) February 13, 2017
Axe formation et axe performance
– Partager les ressources entre les équipes masculines et féminines
Les 5 clubs de Ligue 1 qui ont une équipe féminine en D1 n’ont pas forcément tous un budget conséquent alloué aux footballeuses et au staff. Hormis les exceptions de l’OL et du PSG désormais. Si ces clubs allouent des ressources aux féminines c’est qu’ils y trouvent un intérêt, qu’il soit en termes d’image, de finances ou pour d’autres raisons. Le football féminin est en train de se développer et ces clubs ont su saisir l’opportunité. La FFF souhaite obliger tous les clubs professionnels à ouvrir une section féminine. Ceux qui ont déjà leur section féminine depuis longtemps ont un intérêt car d’autres clubs vont sans doute arriver sur le marché et vouloir combler leur retard et ces clubs possédant déjà une section féminine depuis plusieurs années bénéficieront d’un effet d’apprentissage. Les clubs masculins professionnels doivent établir une véritable stratégie sur leur équipe féminine et notamment penser à investir dans la formation. Le FC Nantes a ainsi fait le pari d’investir à la base sur la formation avec l’idée, à moyen terme, de voir leurs éléments monter l’échelle des catégories jusqu’au haut niveau. Les clubs de Ligue 1 ayant un budget moins élevé peuvent mutualiser certaines compétences : soins médicaux, terrains, service communication…
L’Olympique Lyonnais est un des seuls clubs de Ligue 1 à faire jouer des matchs de football féminin sur le stade des footballeurs professionnels et cela crédibilise le projet du club et montre le respect du club envers son équipe féminine :
https://twitter.com/olfeminines/status/830119225951977476
A noter la belle initiative que le FC Girondins de Bordeaux avait eu de faire jouer son équipe de D1 au stade Matmut Atlantique après un match de championnat de L1.
– Se doter de centres de formation quand on n’a pas les moyens de recruter
En période de crise économique, le football subit aussi des restrictions financières. Si un club n’a pas les moyens de recruter, le meilleur moyen d’évoluer est de se doter d’un centre de formation de qualité et miser sur des éléments jeunes en quête d’expérience de haut niveau sur le terrain. Pour créer de véritables centres de formations, il faut que les clubs de D1 féminine puissent avoir des aides financières. Les équipes doivent gagner des titres pour gagner en intérêt. Le problème est que pour gagner des titres et être performante, une équipe doit avoir un budget nécessaire pour s’entraîner dans de bonnes conditions.
Pour inciter au développement, une barrière à l’entrée du championnat interrégional a été mise en place : il est indispensable de disposer d’un entraîneur diplômé, d’une école de foot féminin d’au moins douze licenciées de U 6 à U 11, et d’une équipe de jeunes U 12 à U 19.
– Professionnaliser le championnat pour que le niveau s’élève
Laure Boulleau, arrière gauche du PSG et des Bleues avait évoqué en interview les changements qu’ont amené l’investissement des Qataris dans la section féminine du PSG. Toutes les joueuses de l’équipe de D1 sont passées sous contrat professionnel et cela marque un véritable changement sur le plan des conditions d’entraînement mais aussi du mental. Les joueuses peuvent s’entraîner plusieurs fois par jour sans avoir besoin de travailler en journée. Elles ont accès au matériel vidéo pour visionner les matches. Lors des déplacements éloignés de Paris, elles partent sur deux jours ce qui réduit considérablement la fatigue. Au retour de sélection, il y a des plages de récupération. Un centre d’entraînement est dédié aux soins, le terrain est de qualité et des internationales ont été recrutées ce qui élève le niveau lors des entraînements. Le PSG se donne les moyens d’être compétitif face au leader lyonnais. On constate donc que le budget d’un club a un impact important et décisif dans l’évolution du championnat de D1 féminine.
La fusion du club de Templemars avec le LOSC a permis d’améliorer les conditions des joueuses comme le précise la footballeuse Rachel Robert dans une interview pour sofootclub.com :
Les changements se font premièrement au niveau des entraînements. Nous sommes passées de 2 entraînements à 4 entraînements par semaine avec plus de joueuses et donc des meilleures conditions de travail pour s’entraîner.
A l’heure de l’écriture de cet article, les 3 premiers clubs de D1 féminine sont aussi des clubs de Ligue 1 : OL, PSG, Montpellier. Le FC Juvisy, club historique du football féminin a annoncé un partenariat avec le club du Paris FC pour continuer à vivre à haut niveau :
Ce rapprochement, c’est au contraire l’assurance de conserver notre ADN et de poursuivre notre politique de formation estime la présidente du FC Juvisy, Marie-Christine Terroni.