A peine monté en Ligue 1 l’Amiens SC Football se distingue sur les réseaux sociaux grâce à un ton décalé sur Twitter. On a interviewé l’un des CM les plus rigolos du football professionnel français ! Entretien.
Bonjour Gaspard, peux-tu présenter ton parcours et tes missions au sein du club?
On est une petite structure. On était en nationale il y a 2 ans. On n’a pas un gros budget. Je m’occupe des relations presse, de la communication digitale, de la communication externe. Je fais tous les déplacements avec les joueurs, je m’occupe de leur image, de l’image du club, des événements comme la sortie des maillots, de la communication dans les boutiques, des visuels, des chartes graphiques et de événementiel les soirs de match.
C’est un club familial. Il y a une forte relation entre les sportifs et les personnes administratives. On boit des cafés ensemble. C’est une proximité qu’on n’a peut-être pas dans les autres clubs.
Avez-vous déjà fait du média training au club, c’est à dire de conseiller les joueurs pour leurs réseaux sociaux, pour parler en conférence de presse etc…?
On regarde un peu ce qu’ils font, mais on leur laisse une grande liberté. On les laisse gérer leur communication comme ils le souhaitent. Il y a certains joueurs qui nous demandent de gérer leurs réseaux sociaux, leur page Facebook. On est en lien avec eux et ils nous envoient des contenus à publier sur leurs réseaux sociaux mais on leur laisse de la liberté.
Lors du mercato comment se passe la gestion des réseaux sociaux si un joueur part vers un autre club?
C’est un engagement moral. C’est basé sur la confiance. Quand un joueur arrive, je lui dis que le transfert sera annoncé dans 24h à 48h. Je lui envoie déjà les photos. Il peut les partager avec sa famille mais il sait qu’il ne doit pas les publier avant que le club le fasse et en général ils respectent cet engagement là. Ils sont assez coopératifs.
Sur les réseaux sociaux, tu as un ton un peu décalé. Ca rappelle le ton assez fun employé par le Toulouse FC, les Girondins ou Guingamp sur Twitter. As-tu des modèles de community manager?
L’année dernière quand on était en Ligue 2, Nîmes était un exemple. Cette année c’est vrai que Guingamp est la référence. On est le petit poucet de la Ligue 1. On est le club à petit budget. Donc on peut se permettre avec des clubs comme Guingamp d’avoir une communication décalée parce que c’est de l’autodérision et non de la prétention alors que des clubs comme le PSG, Lyon, Marseille ne peuvent pas se permettre d’envoyer des petits pics aux autres.
Guingamp est une référence mais il n’y a pas beaucoup de clubs qui peuvent se permettre de faire ça.
Quand on le fait c’est toujours sur le ton de l’humour. Guingamp est une référence mais il n’y a pas beaucoup de clubs qui peuvent se permettre de faire ça. On ne peut pas se caler sur des clubs comme Paris ou Lyon pour la communication. On prend comme référence des petits clubs comme nous, qui nous ressemblent et qui ont une communication décalée comme la nôtre.
Toulouse est l’un des premiers clubs à avoir osé l’utilisation de ce ton décalé…
Oui ! D’ailleurs pour le BAC ils ont fait des épreuves fictives de philosophie. C’est vrai que le Téfécé est également une référence.
Dernièrement, tu as publié un tweet décalé où tu interpelles Neymar pour lui dire de signer après la rencontre entre Amiens et Paris. Est-ce le record du compte en terme d’engagement ?
Je crois qu’on a dépassé le nombre historique de RT. C’était 5700 pour un tweet sur Cristiano Ronaldo le mois dernier et là on est déjà à 5500 en 15h. Ca marche de mieux en mieux, on gagne beaucoup de fans grâce à ça. Même des gens qui ne suivent pas forcément Amiens SC, qui ne connaissent pas de joueurs et qui sont un peu détachés du « fanatisme ». Pour un club de foot ils se mettent à avoir comme référence Amiens pour l’humour. Tout cela parce qu’ils trouvent qu’Amiens est un club « sympa ». C’est aussi ça l’objectif.
Neymar, on voit que tu t’amuses bien avec tes potes Messi et Suarez. Du coup on te conseille de rester à Barcelone jusque fin août. #PSGASC pic.twitter.com/iegdErz2Q0
— Amiens SC (@AmiensSC) 26 juillet 2017
Lors des livetweet des matchs, en adoptant ce ton, vous ciblez des personnes qui ne connaissent pas forcément le vocabulaire technique du foot …
J’ai comme référence Guingamp lors d’un match contre le PSG l’an dernier. Ils ont subi une grosse défaite et ont pris beaucoup de buts mais ils avaient tout fait sur le ton de l’humour. Ils savaient qu’ils avaient de grandes chances de perdre, ils ont donc adopté le ton de l’humour et résultat ils avaient été plus retweetés que l’était le PSG !
Peux-tu présenter les réseaux sociaux d’Amiens? Quels sont les objectifs du club?
Sur Facebook on publie surtout les grosses informations, tout ce que les supporters doivent savoir. Facebook touche surtout la cible 15-25ans et les informations publiées concernent les abonnements, la billetterie, les soirs de match les buts les victoires les albums photos.
Sur Twitter on a un ton beaucoup plus décalé, moins basé sur des informations importantes, quelque chose de plus léger sur le ton de l’humour.
-Il doit penser à notre mariage
-Si Neymar vaut 222M et que l’@AmiensSC a un budget de 22M, ça veut dire que Neymar vaut 10 @AmiensSC pic.twitter.com/zpjifF0T40— Amiens SC (@AmiensSC) 2 août 2017
Instagram est notre vitrine au niveau des photos, « inside » dans les vestiaires, photos des joueurs à l’entrainement, ce sont des moments un peu plus privilégiés.
Peux-tu nous parler de votre nouveau site web ?
En fait on avait un site qui n’avait pas changé depuis 15 ans, qui était vraiment obsolète. Le passage en Ligue 1 nous a permis d’avoir du budget et nous a obligé à nous moderniser donc c’était la bonne occasion pour changer. On a produit un site web qui est moderne, design et qui permet d’avoir une interaction plus facile avec le public, les informations sont simples à comprendre, à trouver. C’est plus ergonomique qu’avant.
Pour le site web, tu nous indiques que c’est une cible plus âgée. Penses-tu qu’un jour les sites web des clubs seraient amenés à disparaître au profit des réseaux sociaux?
Oui, je pense qu’à moyen terme les sites web seront de plus en plus délaissés pour les réseaux sociaux. Les sites web évoluent moins vite que les réseaux sociaux en terme de possibilités, de design. Il y a beaucoup plus de facilités et cela coûte beaucoup moins cher d’être sur les réseaux sociaux qu’avoir un site internet performant. Donc à mon avis, ils seront amenés à disparaître au fur et à mesure du temps.
Tu gères donc le site web?
Oui. Toute la partie conception a été un travail commun. Pour ce qui est des articles, on a un bénévole qui travaillait au Courrier Picard qui était journaliste avant et qui rédige des articles et je m’occupe de les faire passer et de les illustrer.
Certains clubs font des social room avec des influenceurs, des YouTubeurs, des bloggeurs lors de certains matchs. Que penses-tu du rôle des influenceurs dans la stratégie digitale des clubs de football?
Au club on se soucie beaucoup des journalistes qui relaient l’info, que ce soit l’Equipe, le Figaro, TF1, Canal +, BeINSports. Ils sont détenteurs de nombreuses informations assez confidentielles, ils ont beaucoup l’exclusivité. Ils sont beaucoup suivis sur les réseaux sociaux, sur leurs blogs, et donc ce sont des influenceurs pour nous. On n’essaie pas de les toucher directement par des opérations, par des évènements, mais ce sont nos cibles et on les touche au mieux.
Ils sont beaucoup suivis sur les réseaux sociaux, sur leurs blogs, et donc ce sont des influenceurs pour nous.
Qu’est ce que le quotidien d’un community manager dans un club de football professionnel?
J’essaie de suivre au maximum le rythme des joueurs, le petit-déjeuner, le repas, les entraînements, les dédicaces, les rencontres avec les enfants. Dès qu’ils sont au stade je suis avec eux. J’essaie de les accompagner au maximum selon le temps que j’ai. Ma journée s’organise autour d’eux.
Qui devrais-je interviewer après toi?
La community manager de Ginguamp!
Un grand merci à Gaspard d’avoir accepté cette interview. On souhaite à l’Amiens SC un maximum de victoires…et de tweets toujours plus rigolos 🙂