J.L Sadik : « Le digital participe à la vision modernisée du sport »

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Nous avons échangé avec Jean-Luc Sadik, fondateur de TPS Conseil et à l’origine du lancement des Trophées Sport et Management. Il nous livre ici des conseils pour candidater à ce concours mais évoque aussi le devenir des Lauréats. Entretien. 

 

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre rôle dans la création des Trophées Sport et Management?

 Je suis Jean-Luc Sadik de TPS (Transfert Performance Sportive) Conseil, société de conseil en management et stratégie sportive que j’ai créée fin 1989. Nous accompagnons les acteurs du sport, les entreprises et les territoires au regard du développement de leurs modèles de développement associés au sport, ou dans le cadre de leurs évolutions managériales et organisationnelles. Parmi nos références, plusieurs Préparations Olympiques Françaises, de nombreuses fédérations sportives, l’INSEP ou encore plusieurs grandes entreprises du CAC40.

Nous étions convaincus dès notre création de l’essor économique programmé du secteur sportif comme de ses synergies avec le monde de l’entreprise. Nous faisions à l’époque figure d’idéalistes ou de pionniers selon les cas. Nous avons donc lancé de nombreux dispositifs rapprochant les univers (clubs d’entreprises, formations, lettres professionnelles du sport et des ressources humaines, ….) juqu’à créer en 2013 les premiers Trophées Sport & Management avec de très nombreux partenaires.

 

Pourquoi les Trophées Sport et Management ont-ils été lancés et à qui s’adressent -ils en particulier ?

 Les trophées sport et management se sont inscrits dans la continuité des travaux que nous menions avec les sportifs, les entreprises et les territoires. Nous privilégions déjà le partage croisé d’expériences entre dirigeants et l’innovation sociale et managériale dans le cadre des Rencontres du Club Sport & Management qui rassemblaient de nombreux DTN, dirigeants d’entreprises et de territoires. Plusieurs participants, convaincus par l’approche, nous ont suggéré dans le même esprit de donner la parole aux acteurs de terrain pour mettre en lumière la qualité des initiatives sportives déployées dans les clubs, les entreprises et les territoires. Nous avons lancé ainsi officiellement en juin 2013 en salle Colbert à l’Assemblée nationale sous le parrainage de M. Roger Bambuck, ancien Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, le premier appel à candidatures des Trophées Sport & Management qui avait pour objectif de distinguer et d’encourager l’innovation par le sport au service de la performance individuelle et organisationnelle.

Ces trophées ont vocation à éveiller davantage l’attention des acteurs économiques, territoriaux et ceux issus de l’enseignement supérieur sur la capacité du sport et de sa pratique à apporter des réponses innovantes, positives et mobilisatrices même dans des contextes difficiles. Les enjeux liés à la gouvernance sportive, la reconversion des sportifs, l’agilité managériale et la compétitivité des entreprises, la modernisation des stratégies RH, le redéploiement des politiques sportives dans les territoires, l’évolution technologique et digitale, les nouvelles formes de pratiques, le développement de la féminisation, l’essor du sport santé, …constituent quelques-uns des principaux axes que les Trophées Sport & Management mettent en relief au travers de projets opérationnels et efficaces.

Le jury constitué autour de ses présidents Pierre Berbizier puis Patrice Hagelauer a donc ouvert régulièrement depuis 5 ans des prix en résonance avec ces enjeux.

Le nouveau Trophée Start-Up s’inscrit ainsi dans cette logique cette année.

 

Combien y a-t-il de candidatures par an ?

 L’année dernière le jury a retenu plus d’une centaine de candidatures éligibles (correspondant au périmètre des questions proposées par le formulaire de candidature). Ce chiffre croît chaque année depuis 2013.

Candidater aux Trophées Sport et Management

 

Quels sont les critères pour être sélectionné et remporter un trophée ?

Chaque catégorie de Trophée dispose de ses propres critères. Le territoire n’est pas l’entreprise, la Grande école ou l’université n’est pas la Start-up. Chaque appel à candidatures fait l’objet d’une fiche à disposition sur notre site qui précise le périmètre des projets concernés et les points d’attention du jury. Nous invitons les candidats à bien les consulter avant de présenter leur dossier.

Pour candidater par exemple au Trophée Entreprises il est attendu d’avoir mis en oeuvre une initiative sportive qui aura permis entre autres d’améliorer le fonctionnement de l’équipe, l’engagement personnel, la marque employeur, la gestion des talents, la transversalité entre services, la réduction de l’absentéisme, la motivation, la santé et la Qualité de Vie au Travail (QVT), … les projets RSE liés au sport son également pris en compte.

 Pour tous les dossiers, le jury prête attention à l’originalité de la démarche proposée et à l’efficacité des résultats obtenus.

Cette année, le jury a décidé d’innover en créant un nouveau prix start-up. Ce prix est un peu différent parce que pour la première fois, au regard de l’ambition première de ces trophées, le jury va éclairer la qualité des propositions de valeur et des modèles de développement des entreprises technologiques ou non ayant choisi d’investir le secteur du sport et sa filière.

L’idée est de distinguer des entreprises innovantes qui ont réelle démarche innovante et économique liée au sport.

C’est nouveau puisque jusqu’à présent, concernant les entreprises, nous étions essentiellement dans des stratégies RH, managériales voire RSE. Nous élargissons dorénavant l’accès aux trophées aux stratégies économiques et technologiques, qui organisent et accompagnent la « sportivisation » accrue de notre société, via l’élargissement de la diffusion du sport, la quête plus pointue et personnalisée de performance et de sécurité, ou encore parmi d’autres, le développement du sport connecté.

 

 Quelles sont les récompenses pour les gagnants?

 Les lauréats des trophées sont très exposés lors de la soirée de remise des prix à l’Assemblée nationale. Ils présentent leur projet devant un large parterre de sportifs et de dirigeants qui rassemblent présidents de fédérations sportives, DTN, représentants de grandes écoles et d’universités, patrons d’entreprises, responsables et élus territoriaux, députés. C’est un réseau très dense et des opportunités peuvent se créer.

Chaque gagnant a également accès pendant 1 an à un accompagnement avec l’ensemble du réseau des partenaires mobilisés dans le cadre du dispositif. En clair, tous les gens qui gravitent dans l’écosystème des trophées se mettront au service du développement des porteurs de projet pendant 1 an selon leur sollicitation pour les aider dans le déploiement de leur projet.

Comme nous avons 5 ans d’antériorité, les précédents lauréats participent également au soutien des nouveaux primés dans un esprit de transmission et de solidarité partagées.

 

 

Avez-vous des exemples inspirants de lauréats des années précédentes ?

La grande majorité des lauréats ont des parcours remarquables. Ils sont passionnés, rassembleurs, engagés et travailleurs, et imaginatifs. Il est difficile de faire une sélection. Quelques exemples parmi beaucoup d’autres cependant…

On a remis l’année dernière le prix du décideur économique à Mr Franck Riboud, à l’époque encore président du conseil d’administration de Danone, pour son engagement de longue date pour la cause sportive sur des actions autant tournées vers le monde sportif que vers ses collaborateurs. Il a monté des actions sportives pour mobiliser ses équipes et créer des passerelles entre le sport lui-même et son entreprise, le groupe Danone. Les valeurs sportives ont été diffusées largement dans tout son groupe.

Je peux également vous citer Laurence Lefèvre, directrice des Sports de la Ville de Paris, lauréate en avril 2014 du Trophée Territoires pour la mise en place des Projets Sportifs d’Arrondissements (PSA), réelle innovation managériale au service notamment de l’identité sportive des équipes, qui devenait 2 ans après directrice des sports aux côtés de M. le ministre Thierry Braillard et aujourd’hui de Mme Laura Flessel.

Astrid Guyart fait partie de l’équipe de France féminine de fleuret. Elle a participé aux derniers JO de Rio, Londres et Pekin, et est multi médaillée mondiale et continentale. Elle a été récompensée, dans le cadre du Trophée Meilleure reconversion professionnelle (-35ans) en 2015 pour la réussite de son double projet qui lui a permis à la fois d’être diplômée de l’Ecole Polytechnique Féminine et de mener sa brillante carrière d’escrimeuse, en réalisant à la clé son objectif professionnel de rejoindre le groupe Airbus en tant qu’ingénieur.

L’an dernier, le jury a distingué Vincent Lecrubier pour le même trophée. Vice-champion du monde de canöé-kayak (K4), ingénieur SUP AERO, docteur en informatique, il a monté une start-up dans les drones qui est en plein développement. Il est également aujourd’hui vice-président de sa fédération.

 

Que représente pour vous l’utilisation du digital dans le sport ?

Le digital change les perspectives. La disruption qu’apporte le digital aujourd’hui dans le sport questionne en effet avec plus d’acuité la proposition de valeur traditionnelle des organisations sportives, et leur logique de développement, et en même temps offre un support aux nécessaires adaptations générationnelles.

C’est aujourd’hui le lien direct, de plus en plus privilégié, avec les nouvelles formes de consommation et de pratiques sportives émergentes. Le digital ré-éclaire la pratique sportive au plus haut niveau, tout en facilitant simultanément l’élargissement et la segmentation de la pratique. Le digital participe à la vision modernisée du sport. Il traverse tous les aspects de l’organisation du sport et de sa pratique, et place chacun en position d’acteur à part entière.

Quand on accueille un évènement on y intègre du digital. Les fédérations repensent leur proximité historique avec les clubs à l’aune du digital et des risques associés. Les plate-formes digitales bousculent les modèles de financement traditionnel des associations sportives (crowfunding, sponsoring, …).

Pour nous qui voulons encourager la diffusion des bonnes pratiques de façon pédagogique, c’est montrer que l’on peut faire évoluer la place du sport dans notre société de manière virale. C’est important d’utiliser de façon efficace et créative les médias sociaux, l’intelligence digitale aux côtés des médias traditionnels.

 

Mon blog s’appelle Champions du digital, pour vous, qu’est-ce qu’un champion ?

J’ai eu la chance de croiser beaucoup de champions, d’entraîneurs, de gens talentueux plus que méritants qui ont fait des choses extraordinaires à titre personnel et sur le plan sportif. Il me semble impossible de répondre de façon unique à cette question car cela voudrait dire qu’il existe une formule, une recette voire une norme qui pourrait suffire à définir le champion. La réalité est autrement plus complexe, singulière et spécifique à chaque fois.

Tout en étant pluriel, le champion reste toutefois selon moi celui qui veut vivre son rêve et mobilise pleinement ressources et stratégies pour y parvenir.

 

Merci à Jean-Luc Sadik d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Bonne chance à tous les candidats !

 

Le jury : 

Philippe Carli (responsable pole presse Crédit Mutuel), Jean-Louis Vincent (ANDRH), Dominique Carlac’h (présidente du MEDEF Sport), Ghani Yalouz (directeur général de l’INSEP), Christophe Muniesa (Directeur exécutif de la FF Golf), Thomas Paris (professeur affilié à HEC Paris et chercheur au CNRS), Jérôme Saddier (directeur général de la MNT), Simon Gillham (directeur de la communication de Vivendi village), Bruno Marie-Rose (président de la LNA, ancien SHN), Pierre Berbizier (manager général de l’Aviron Bayonnais, ancien sélectionneur de l’EDF de rugby), Gérard Hermant (directeur de l’ISRP), Philippe Lamblin (DRH du groupe Avril), Jean-Paul Omeyer (président de la commission sport ARF), Philippe Bana (DTN FF Handball, président ASDTN), Anne-Lise Quiot (directrice sport et loisirs CASQY – ANDIISS), Romain Anselmo (directeur de Sofrapev, ancien SHN), Laurent Chambertin (ancien SHN international volleyball), Matthieu Rosy (directeur général UNIMEV), Patrick Patureau (responsable des sports HEC Paris), Abdellah Mezziouane (Maitre de conférence associé Paris 1 Sorbonne), Frédérique Jossinet (Coordinatrice plan fédéral de féminisation FFF, ancienne SHN)

L'auteur de cet article

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