Les voix des Bleues : Abily – Lizarazu – Margotton « On va se compléter et c’est ça qui va être important »

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest
WhatsApp
Email

Ce mardi 8 mai j’ai eu la chance d’être invitée par TF1 pour la conférence de presse présentant le dispositif Coupe du Monde féminine de la chaîne. Après la conférence de presse et l’annonce de la team TF1, des tables rondes de 5 à 6 ont été organisées afin d’échanger avec les différentes personnalités de TF1 couvrant cette Coupe du Monde.

TF1 a fait une belle annonce : le trio Bixente Lizarazu – Grégoire Margotton et Camille Abily pour commenter ces matchs des Bleues. L’ancienne joueuse de l’équipe de France et de l’Olympique Lyonnais rejoint donc les deux commentateurs historiques de l’équipe de France. Elodie Thomis accompagnera l’équipe en bord terrain en tant que camerawoman. TF1 a misé sur le talent et a choisi les meilleurs experts pour couvrir cette Coupe du Monde! Une bonne nouvelle qui ne fera qu’accentuer l’intérêt pour ce mondial de football! Car on parle évidemment de football avant de parler de football féminin. Il s’agit bien de commenter du football et quoi de plus juste que de choisir les meilleurs commentateurs de France pour commenter une grande compétition de football? L’ancienne internationale Camille Abily sera en bord terrain pendant la compétition et apportera son expertise et sa connaissance évidente de l’équipe de France actuelle lui permettra de recueillir des réactions authentiques des joueuses mais aussi de partager son analyse sur la performance de la sélection Bleu Blanc Rouge.

Si on m’avait dit un jour qu’une Coupe du Monde féminine aurait lieu en France, que TF1 la diffuserait, qu’1 millard de téléspectateurs seraient attendus.. Les choses changent et cet investissement de TF1 est juste génial et incroyable !

Allons à l’essentiel . Je vous propose donc de découvrir cet entretien avec le trio Lizarazu – Margotton – Abily !

Grégoire, en quoi est-ce important pour vous de commenter cette Coupe du Monde avec Bixente ? 

Grégoire Margotton : Quand on a su qu’on retransmettrait cette compétition, l’idée de départ de tout le monde était de donner une impression d’équivalence avec ce qu’on avait fait un an plus tôt en Russie. L’équivalence c’est les mêmes moyens, les mêmes émissions, le même engagement de tout le monde : de la rédaction des sports jusqu’à toute la rédaction de TF1 et le fait de commenter avec Bixente.

Au bord du terrain on voulait faire une différence et c’était bien d’avoir avec nous, en deuxième consultante, quelqu’un qui connaît parfaitement les joueuses de l’équipe de France, le groupe et le football féminin. La seule différence ce sera d’avoir une 3ème personne différente. Ce sera différent aussi parce que l’on sait que ce qu’elle va apporter à l’antenne sera différent de ce que fait Frédéric Calenge sur les matchs des hommes.

Pourquoi ce rôle ne sera-t-il pas le même ? 

Camille Abily : A la base je ne suis pas journaliste. Forcément je n’ai pas la même approche que Frédéric Calenge. Le fait que ce soit Bixente Lizarazu  qui commente cela montre aussi toute la crédibilité du football féminin. C’est un « honneur ». Même si on prône l’égalité, on est fiers que ce soit un ancien joueur qui a son palmarès qui intervienne sur le football féminin, qui commente et qui analyse. Je pense qu’il va amener toute son expertise. Même s’il y a des petites différences, le foot reste du foot. Je pense que je vais apporter peut être un peu plus de connaissances sur les joueuses notamment car j’étais avec elles encore il y a 2 ans avant d’arrêter l’équipe de France. On va se compléter et c’est ça qui va être important

Justement Grégoire, est ce que vous avez été aidé par Camille pour commencer à préparer la compétition ? J’imagine qu’il est difficile de trouver des informations sur certaines joueuses ? 

Grégoire Margotton : Non pas encore. Ca c’est la préparation finale. Là je suis dans le gros de la préparation. Je regarde les matchs. Je vais voir l’équipe de France. Je travaille sur les adversaires. C’est le côté un peu scolaire. On prépare aussi la finale de la Ligue des Champions avec Bixente. Là je suis plutôt sur Lyon et Barcelone que sur l’Allemagne et les Etats-Unis ou même la France.

Pour revenir à ce trio, parce que ce sera vraiment un trio, c’est bien qu’elle soit en bas en bord terrain et que Bixente soit en haut en tribune. C’est bien qu’on ne soit pas tous les 3 les uns à côté des autres parce que ça devient assez rapidement un concours et je pense que ça ne sera pas un concours. Ils vont apporter des choses bien différentes tous les deux. On va essayer de ne pas trop parler. Ce sera mon boulot de gérer le rythme de tout le monde. Ils vont se compléter magnifiquement! Bixente pourra parler des filles et de l’individuel et Camille pourra aussi parler de tactique générale comme si elle le faisait du haut d’une tribune. Je suis sûr qu’on va vraiment se régaler sur ce trio. J’en ai envie depuis très longtemps de cette Coupe du Monde et Bixente aussi !

On mettra peut être un petit moment avant de trouver le vrai rythme mais je suis sûr qu’on va vraiment se régaler sur ce trio. J’en ai envie depuis très longtemps de cette Coupe du Monde et Bixente aussi ! En plus il a été blessé donc il a eu le temps de tourner chez lui et de se dire qu’il y avait la Coupe du Monde qui arrivait, de voir des matchs de l’équipe de France, de commencer à travailler et d’anticiper là-dessus je crois que ça lui a fait beaucoup de bien pendant sa convalescence. 

Est ce que vous avez conscience du rôle que vous avez à jouer dans le sens où Grégoire Margotton-Bixente Lizarazu aux commentaires d’une Coupe du Monde féminine cela va attirer le grand public et sans doute des personnes qui ne suivaient pas forcément le football féminin ? 

Bixente Lizarazu : Je ne raisonne pas spécialement comme ça. Evidemment que je ne connais pas le football féminin comme Camille Abily le connaît mais l’équipe de France oui. Ca fait un moment que je regarde les matchs de l’équipe de France. En Coupe du Monde masculine il y a des équipes au départ qu’on connait très peu et pourtant on les commente. On prend les informations qu’il faut et parce qu’au bout d’un moment un match de foot est vivant. Il y a plein de choses à commenter sans forcément connaître l’historique de chaque joueuse. En effet je n’ai pas la même culture du foot féminin que Camille mais ça sera exactement comme certaines équipes de garçons qu’on ne connaît pas forcément bien. On connaît très bien les grandes nations européennes ou mondiales mais il y a des équipes qu’on connait beaucoup moins chez les garçons aussi. Donc c’est exactement la même chose.

Après je crois que la décision de TF1 de nous mettre aux commentaires pour faire exactement la même chose pour les filles et les garçons, est une excellente initiative. Il y a l’envie de le faire, le challenge de le faire, le plaisir de le faire et c’est naturel de le faire avec Camille. Il y aura son regard terrain. La vision tribune est différente de la vision terrain. Elle va être au contact des joueuses. Elle va ressentir les choses. Ca peut être un énervement de Corinne Diacre ou ressentir une difficulté. Ce sont deux regards qui vont se compléter. Aujourd’hui on a des sélectionneurs qui sont en tribune. On n’a pas les mêmes sensations, la même vision. C’est cela qui va être intéressant pour compléter le commentaire. 

https://twitter.com/BixeLizarazu/status/1125732333909356544

Que répondez-vous aux comparaisons qu’on entend souvent sur le football pratiqué par les femmes et par les hommes ? 

Bixente Lizarazu : On n’est pas là pour comparer les filles avec les garçons. C’est du foot ! Ce qui est fantastique dans le foot c’est que c’est un sport où le scénario n’est pas écrit à l’avance. Tu peux mener sur une première période et te faire exploser sur la deuxième. Il va se passer exactement la même chose avec les mêmes émotions. Ce sera pareil.

Il y aura des schémas tactiques. Il y aura du jeu en triangle. Il y aura des tacles. C’est le même sport ! Comme chez les garçons il y aura des erreurs défensives. Il y aura des erreurs techniques. Comme chez les garçons ce sera la même chose. Le bon raisonnement c’est de ne pas chercher à comparer. 

Grégoire Margotton : Bien sûr qu’il y a une différence : il y a des hommes et il y a des femmes ! Quand je commente un match de handball féminin c’est une émotion qui n’est pas comparable. C’est génial ! C’est tout simplement du haut niveau! C’est du très haut niveau. Hommes et femmes. Là on va avoir des filles qui sont au très haut niveau. Ce sont des sportives de très haut niveau. Quand on est dans l’excellence on est dans l’émotion.

https://twitter.com/gregmargotton/status/1124078177024978947

Cette excellence s’accompagne du fait que c’est organisé à la maison et que les stades vont être pleins. Il y a peut être des gens dans le grand public qui vont prendre la compétition un peu en cours, un peu plus tard que pour des garçons.

Quand les gens vont voir que le Parc des Princes est plein, qu’il y a 25 caméras, que c’est magnifiquement réalisé, que la lumière est belle, qu’il y a des hymnes, que les maillots sont beaux, que c’est France-Corée du Sud, ils vont se dire « Waouh c’est quoi ça! 

C’est possible. Mais ça va le faire et encore plus fortement que pour les garçons. Je me souviens qu’il y a 4 ans, lors de la Coupe du Monde, les Français se sont dit devant leurs TV « oh mais il se passe quoi? C’est super! » Et là ca va être encore plus fort! Quand les gens vont voir que le Parc des Princes est plein, qu’il y a 25 caméras, que c’est magnifiquement réalisé, que la lumière est belle, qu’il y a des hymnes, que les maillots sont beaux, que c’est France-Corée du Sud, ils vont se dire « Waouh c’est quoi ça! ». Et ce sera parti ! J’espère qu’elles iront loin! Ca va être très fort. J’en suis persuadé. 

Bixente Lizarazu : Dans le tennis on ne compare pas le tennis féminin avec le tennis masculin. C’est un spectacle à part entière qu’on regarde. On ne compare pas les performances. C’est l’évolution du sport aussi. Le foot a démarré tard. Le foot féminin a démarré tard. Comme on pourrait dire que le football masculin en Chine vient à peine de démarrer. Il y a tout un travail à faire. Il y a toute une organisation à mettre en place pour que ça évolue. C’est tout à fait normal. Aujourd’hui on a un beau championnat de France. Jean Michel Aulas a été visionnaire quand même. Il a vu le truc avant tout le monde. Les Anglaises se développent aujourd’hui beaucoup au niveau du championnat. Les espagnoles. Les Allemandes cela fait longtemps. Aux Etats-Unis le football féminin est plus important que le football masculin. 

Camille Abily : C’est avec la Coupe du Monde 2011 que ça a explosé. Je pense qu’à partir du moment où on met des gens compétents et on donne des moyens aux joueuses, elle deviennent des athlètes. L’évolution du football féminin s’est faite comme ça. Quand j’ai commencé dans les années 90, je ne savais pas qu’il y avait des équipes féminines. On avait 0 moyens. On demandait et on nous disait « quand vous aurez des résultats on vous aidera ».

Mais ce n’est pas possible. Il a fallu nous aider et c’est ce qu’ont fait le Président Aulas, le Président Le Graët et le Président Nicollin qui a été vraiment le pionnier. Ils ont mis les moyens. Je ne parle pas que d’un point de vue financier. Ils ont mis les staffs compétents. Des entraînements à des horaires en journée. Cela a fait que les filles sont devenues des athlètes. C’est beaucoup plus spectaculaire quand les joueuses sont capables de répéter des efforts plus longtemps. Avec une intensité plus forte. Même si cela ne sera jamais celle des garçons parce que physiologiquement ce n’est pas possible. 

On sent une bonne osmose entre les joueuses d’expérience de 31 ou 32 ans et les plus jeunes. Avez-vous ce ressenti aussi ? 

Camille Abily : Oui bien sûr. Corinne Diacre a su fédérer son groupe autour d’un objectif en commun. Quand on est joueur ou joueuse on n’est pas forcément tous amis dans le groupe mais quand on a un objectif en commun on sait qu’on a besoin des autres pour faire en sorte que tout se passe bien pour aller chercher cet objectif. C’est le cas en équipe de France. Il y a une belle osmose. Pour l’instant elles gagnent.

On reconnait les grandes équipes dans la difficulté

Quels sont vos coups de coeur dans cette équipe de France ? 

Camille Abily :  J’aime beaucoup Kadidiatou Diani. Je ne parle pas trop des Lyonnaises (rires). Je trouve que cette année elle est en train d’exploser. Elle peut être une belle révélation pour l’équipe de France. 

Bixente Lizarazu : Amel Majri et Delphine Cascarino. Amel Majri parce qu’elle a une technique, une superbe qualité de dribble. Cascarino a une superbe qualité de dribble aussi. Elle va à 3000!

Ce sont les jeunes qu’il va falloir suivre dans cette Coupe du Monde. 

Grégoire Margotton : Il y a plein de profils différents et c’est ça qui permet au grand public d’apprivoiser petit à petit les joueuses. Il y a des anciennes et des plus jeunes. Corinne Diacre, tout le monde va la comparer à Deschamps. Il y a des points communs… dans la gestion de son groupe, dans l’approche de la compétition et dans sa ligne de conduite qui apparaît bien tracée pour l’instant. Ce qui est magnifique à regarder de loin c’est que le foot féminin en 10 ans vit ce que le foot masculin a mis 60 ans pour vivre!

C’est un truc en accéléré. Ca va très très vite. Tout n’est pas au même niveau. Des fois le championnat national est moins fort que l’équipe nationale. Le marketing est moins fort que l’engouement du public. La Coupe du Monde va être un accélérateur de plus. 

https://twitter.com/championsdudigi/status/1125871129242025984

Bixente Lizarazu : L’expérience des Lyonnaises avec la Ligue des Champions au niveau international c’est une base. Dans les Lyonnaises il y a Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Wendie Renard… La colonne vertébrale est bonne et il y a l’expérience aussi. Gaetane Thiney a de l’expérience. Les Lyonnaises ont cette expérience là de la compétition grâce à leur parcours en club. Il faut toujours un bon mélange. Nous les latins on a besoin de se respecter et de s’aimer. Cette mayonnaise on ne sait jamais comment elle va prendre parce qu’il y a plein d’ingrédients que tu peux mettre des mois et des mois à l’avance puis ensuite il y a la préparation le mois juste avant qui fait que les choses se mettent bien en place ou pas. Il peut y avoir des tensions ou des imprévus dans une préparation. C’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas. Mais quand un sélectionneur fait une équipe, il le fait pour que cet esprit soit là. Deschamps a été exceptionnel sur les 2 dernières échéances. Il ne s’est pas trompé de groupe. 

L'auteur de cet article

Ces articles pourraient aussi vous intéresser !