A l’occasion de l’ESWC Summer qui s’est tenu à Bordeaux et a réuni les champions eSportifs et des compétitions en direct commentées par des influenceurs comme Ken Bogard ou Bruce Grannec, nous avons eu l’opportunité de découvrir comment la FDJ s’est lancée sur le créneau de l’eSport. Entretien.
Pouvez-vous présenter votre rôle au sein de la Française des Jeux ?
Je suis Pierre Brousseau, je travaille dans l’équipe stratégie et corporate développement. Je suis tout particulièrement en charge des sujets liés au sport. C’est dans ce cadre que j’ai été amené à regarder, l’eSport, une nouvelle forme de sport.
Quels sont les objectifs d’une marque comme la FDJ de se lancer sur le créneau de l’eSport ?
On a considéré l’eSport comme un marché émergent. Depuis l’arrivée de la nouvelle Présidente, Stephane Pallez, en novembre 2014, un grand plan stratégique FDJ 2020 a été mis en place. Il a pour objectif d’aborder toutes les dimensions du jeu, innovantes, digitales, numériques…
On essaie de toucher les Millennials par exemple avec des formes de jeux où on ne paye pas d’avance
On a trouvé que l’eSport remplissait de nombreuses cases de ces objectifs pour moderniser l’image de la FDJ et également de toucher une cible de population qu’on touche peu pour l’instant avec les jeux traditionnels. On essaie de toucher les Millennials par exemple avec des formes de jeux où on ne paye pas d’avance avant d’avoir accès au jeu et on profite d’abord de l’expérience avant éventuellement de payer.
Quelles actions avez-vous mis en place à l’occasion de l’ESWC ?
On a annoncé notre lancement dans l’eSport avec la marque FDJ Esport le 17 février 2017 à l’occasion de l’ESWC Winter qui se déroulait à Paris. On a ensuite lancé 3 dispositifs différents :
- La FDJ Masters League
C’est une compétition professionnelle. Il y a eu 2 mois de qualification en ligne sur le jeu Street Fighter 5. Les finales physiques ont eu lieu à Bordeaux en offline lors de l’ESWC Summer avec les 4 meilleurs champions. C’est le champion anglais Infexious qui l’a remporté.
- Le FDJ Open Series
Ce sont des dispositifs destinés aux amateurs. N’importe qui peut participer à des tournois en ligne ou physiques. On propose des tournois sur Rocket League, Street Fighter 5, sur Krosmaga et sur Dota 2. Nous avons essayé d’imaginer des dispositifs attractifs. L’idée est de créer des rendez-vous réguliers, créer un vrai rendez-vous eSport, ce qui manquait un peu sur le marché français. Les joueurs savent que toutes les semaines ils vont retrouver un tournoi sur leur jeu préféré.
L’idée est de créer des rendez-vous réguliers eSport, ce qui manquait un peu sur le marché français
On a mis en place un dispositif avec du streaming en direct. Il y a un côté original puisque n’importe quel amateur, s’il progresse suffisamment loin dans le tournoi, a la possibilité de se faire diffuser en direct et d’être commenté en direct par son influenceur préféré.
- Le FDJ Gaming Tour
Le FDJ Gaming Tour est destiné à faire découvrir l’eSport aux Français, au grand public. Du 14 juillet au 14 août, le FDJ Gaming Tour va faire la tournée des plages.
Le FDJ Gaming Tour fait étape dans 19 stations balnéaires pour faire découvrir l’eSport à tous #FDJGT #FDJeSport
➡️ https://t.co/JL4rmapVm7 pic.twitter.com/vlmH8ZwMkz— FDJ_eSport (@FDJ_eSport) 7 juillet 2017
Quelle importance les influenceurs ont-ils dans votre stratégie ?
On a lancé FDJ Esport en partenariat stratégique avec Webedia parce qu’ils avaient les compétences pour nous aider à organiser ces compétitions mais aussi parce qu’il y a toute l’amplification média qu’il y a autour. Ils ont les sites jeuxvideo.com , Millenium… Ils ont également une panoplie d’influenceurs qui nous aident à médiatiser nos compétitions et à les commenter. Par exemple sur Street Fighter 5 c’est Ken Bogard qui est la référence du versus fighting en France qui nous a aidé à organiser ces compétitions et les commenter.
Vous avez lancé récemment un compte Twitter FDJ Esport, comment communiquez-vous sur les réseaux sociaux ?
On vient juste de mettre en place le compte donc ça progresse lentement. On a mis la priorité sur l’organisation des compétitions pour s’assurer que les compétitions qu’on allait lancer seraient bien cadrées et de qualité. Petit à petit on rajoute des dispositifs.
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Comment évaluez-vous les retombées sur la marque FDJ de tout ce que vous mettez en place sur l’eSport ?
On a un objectif de modernisation de la marque. Par exemple Harris Interactive va réaliser des études tout au long de l’année et essayer de mesurer la perception de l’image que les gens ont de FDJ et de FDJ Esport. Au-delà de l’image, on a des objectifs de vues sur les compétitions professionnelles et amateurs.
On essaie de mesurer la perception de l’image que les gens ont de FDJ et de FDJ Esport
Par exemple, sur la FDJ Masters League, je pense qu’on va finir à 3 millions de vues au total sur les 2 mois de compétition en ligne et sur la compétition physique. Sur les Open Series, sur les 4 mois et sur la vingtaine de tournois que nous avons organisés on va atteindre entre 1 million et demi et 2 millions de vues. On a eu déjà à peu près 10 000 inscrits. Nous sommes très contents des premiers mois de lancement.
Pour vous quel est l’avenir de l’eSport d’ici 2020 ?
On sait que c’est un marché émergent. On l’a abordé en mode startup. On essaie de rentrer dans les codes de l’eSport et ne pas arriver avec la marque FDJ traditionnelle. On tente de s’immiscer et gagner en légitimité sur ce marché nouveau pour nous et pour lequel on n’avait pas d’atomes crochus.
On essaie de rentrer dans les codes de l’eSport et ne pas arriver avec la marque FDJ traditionnelle
Les perspectives de croissance sur ce marché sont très intéressantes. D’ici 2020 on parle de croissance à deux chiffres. En France il y a un vrai retard à rattraper sur l’eSport par rapport aux Etats-Unis ou l’Asie.
Vous vous occupez de l’eSport et du sport pour la Française des Jeux. Est-ce qu’il y a des spécificités ou des différences dans la façon d’aborder votre métier en fonction de ces deux disciplines ?
Justement non. Quand on regarde l’eSport, on retrouve les mêmes phénomènes que dans le sport traditionnel. Les eSportifs ne sont pas que des geeks, ils passent des heures à s’entraîner. Leur environnement est très similaire aux sportifs traditionnels, il y a des agents, des coachs.
Les eSportifs ne sont pas que des geeks!
Ils ont un vrai entraînement physique qui complète leur entraînement psychologique et mental. Il y a des sponsors qui arrivent de plus en plus nombreux. Il y a par exemple un champion comme Faker sur League of Legends qui est millionnaire. Il y a tout un environnement qui commence à se structurer et ressemble vraiment au sport traditionnel.
Merci à l’équipe FDJ pour cet entretien. Une interview riche pour comprendre la raison qu’à une marque de se lancer sur le marché de l’eSport en France.